dimanche 13 novembre 2011

Stupeflip vite !

Mercredi 9 Novembre 2011, le "C.R.O.U. Stupeflip" passait à Bordeaux, plus précisément dans une salle de concert à Mérignac appelée le Krakatoa. Je vais tout d'abord faire les présentations...

Dernier album de Stupeflip sorti le 28 Février 2011 : The Hypnoflip Invasion.

Stupeflip est un groupe bien à part dans le paysage musicale francophone. Composé de Julien Barthélémy (alias King Ju ou Pop Hip), Stéphane Bellenger (alias Cadillac ou Reverbman) et Jean-Paul Michel (alias Mc Salo). Les trois musiciens forment ainsi le C.R.O.U. Stupeflip, organisation mystérieuse dont le but est "de terroriser la population et par la même instaurer une nouvelle ère du Stup". Ce but est orchestré par différentes institutions comme la menuiserie, l'A.S.F.H. (Association de Stup Fanatique), la Religion du Stup, le mystère au chocolat et bien d'autres choses. On suit donc l'histoire assez déroutante et désorganisé de cette espèce de machinerie incompréhensible à travers trois albums (Stupeflip, Stup Religion et The Hypnoflip Invasion) tous plus bizarres les uns que les autres (mais Dieu que c'est bon...).


Musicalement, le groupe s'articule autour d'un mélange confus de hip hop, d'electro, de punk ou de pop rock. On passe d'un genre musical à un autre en un claquement de doigt à travers chaque album, sans pour autant pouvoir réellement définir auquel d'entre eux appartient Stupeflip. Pour cette raison, je ne chercherai pas à aller plus loin dans cette analyse musicale et vous laisserai en juger par vous-même (en signalant que le morceau ci-dessous n'est qu'un échantillon et que la variété des morceaux ne permet pas de se faire un avis sur cet univers pour le moins loufoque) : 




Les textes font mouche, frappe dans la tête de tout le monde et de personne à la fois. On y retrouve un esprit typiquement punk et anarchiste, sans aucune opinion claire pourtant (c'est là que c'est zarb' !). Les paroles s'enchaînent et nous embrouillent totalement, ça part dans tous les sens, ça gueule, mais c'est super bien écrit ! C'est à la fois clair et ambigu, paradoxal et logique, bizarre mais vachement intelligent. Stupeflip, c'est un peu comme un pêché mignon : on écoute, on en a un peu honte tellement c'est space, mais au fond ça fait un bien fou !


Tout ceci m'amène donc au concert du 9 Novembre :


L'ouverture du concert se fait sur l'apparition un par un des membre de la religion du Stup, avec des effets lumineux "flippants", des mecs en robes et cagoules noires, avec le gros son d'ouverture d'Hypnoflip Invasion. Démarrage en trombe avec des morceaux issus des deux premiers albums, notamment Stupeflip, Les Monstres ou encore Stup Religion. Apparition ensuite de Pop Hip sur scène, hué par la foule comme à son habitude, pour jouer Gaëlle ou encore Je fume pu d'shit. On passe donc en revu les morceaux du nouvel album avec des retours aux deux premiers par endroits : La menuiserie, Le spleen des petits, Stupeflip vite!, A bas la hiérarchie, Cruel world, ... D'un point de vue général, le concert démarre très fort et retombe un peu sur la fin, les choses se font moins énergiques et moins fougueux qu'au début. On notera également un contact avec le public assez évasif et on ressent du coup une volonté de plier le concert et de rentrer se pieuter de la part du groupe.


Au final, on s'en sort avec un peu plus d'une heure de concert, 15 coups de coudes dans les côtes, 67 sauts surexcités, un lancer de masque dans le public et une bonne nuit de sommeil pour récupérer. On regrette que certains morceaux n'aient pas pointé le bout de leur nez (comme Apocalypse 894 ou encore Gem lé moch'), qu'il n'y aie pas eu de rappel et, du coup, que la performance fut brève. On salue cependant un excellent jeu de scène, ça part dans tous les sens un peu comme leur musique, c'est assez génial (même carrément génial) et ça met bien dans l'ambiance oppressante et étrange qu'on connait des albums. D'un point de vue qualité musicale, rien à dire, c'est réglé au millimètre, on peut pas faire mieux.


En conclusion, on passe un bon moment, c'est survolté, c'est complètement space, ça défoule, mais ça laisse un petit goût de pas assez, on s'attendait à un peu plus de motivation de la part du C.R.O.U. mais on est quand même enchanté de ce qu'ils nous ont montré. La prestation reste excellente malgré ce qu'on pourra dire sur le reste, et puis pour ceux qui auront vraiment été déçus, ils pourront toujours retourner écouter les albums pour noyer leur chagrin. 


Keep the faith !
Adi Clay

samedi 5 novembre 2011

Un Poulet aux prunes qui ne tourne pas au vinaigre...

Bonjour, 

Je sors tout juste du cinéma et en profite pour mettre à l'écrit mon impression à chaud sur le film que je suis allé voir : Poulet aux prunes. En voici la bande-annonce :


Sorti le 26 Octobre 2011, réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, ceux à qui l'on doit également Persepolis, avec Mathieu Amalric et Edouard Baer et sur une bande originale composé par Olivier Bernet (également compositeur pour Persepolis). C'est une adaptation filmique d'une bande dessinée de Marjane Satrapi sortie en 2004. Le film reçu 11 nominations et le coup de coeur du jury lors de la 6e édition du festival "De la page à l'image" en 2011.
L'histoire se déroule à Téhéran en 1958. Nasser Ali Khan, un des violonistes plus célèbre de son époque, qui, depuis que son violon a été brisé, instrument qui fut pendant des années à l'essence de sa musique, cherche un nouveau violon pour le remplacer. Désespéré lorsqu'il réalise qu'aucun de ceux qu'il essaie ne pourra remplir cette tache, et perdant ainsi son gout pour la musique, il décide de rester dans son lit et d'attendre la mort. Il va alors se remémorer tous les moments de sa vie avant qu'Azraël, l'ange de la mort, ne vienne lui enlever la vie. Il découvrira de cette manière que ce qui était à l'origine de sa musique provient d'un amour perdu il y a bien longtemps mais qui a demeuré dans son esprit pendant toutes ces années et qu'il n'a jamais oublié.

Les deux réalisateurs de Persepolis signent ici un nouveau film dans le cadre de la ville de Téhéran, capitale de  l'Iran. Le film démarre sur un plan aérien d'une rue de la ville, accompagné par la voix-off d'Edouard Baer. L'histoire se met en place, centrée sur le personnage de Nasser Ali, musicien désespéré et profondément mélancolique, fumeur et père irresponsable. Après les 15 premières minutes du film qu'on sent long à démarrer, la place est laissée aux flash-back à répétition, qui aurait pu plomber très sérieusement le film s'il n'avaient pas été maîtrisés avec brio par des réalisateur désireux de faire de celui-ci un puzzle auquel les pièces s'ajoutent une à une, formant ainsi une superbe intrigue, pleine de poésie et de musique. 
On passe du rire au larmes grâce à une juste mesure entre le burlesque et le tragique, la frontière entre les deux semblant presque disparaître. Les réalisateurs jouent sur l'air, le vent ou la fumée à l'image pour emporter le spectateur dans une histoire où l'Amour est tragiquement perdu et où les choix amènent à un destin triste et funeste. On traite de relations familiales difficiles, relation entre frères, frère et soeur, père et fille, père et fils, mère et fils ou encore mari et femme, passant en revue chacune d'elles et portant ainsi les personnages à s'entrechoquer les uns avec les autres. Tout ceci est servi sur un lit de romance, de musique et de poésie qui touche, qui émeut. (On notera également l'originalité de la voix-off d'Edouarb Baer qui nous raconte toute l'histoire du musicien, de la même manière qu'il avait raconté celle de son personnage dans Mensonges et Trahisons.)
On déplore cependant certains points non aboutis, un léger goût de "pas assez" par endroits du fait que le film partent un peu dans tous les sens et passe donc très vite sur certains aspects. Dommage également pour un démarrage un peu lent pour le Poulet aux prunes, le préchauffage au four embaumant cependant la salle d'une délicieuse odeur par la suite. 

On sort tout de même enchanté par le film, tant sa beauté et sa poésie laisse sans voix, et on reste pendant le générique de fin pour apprécier les dernières minutes d'une superbe B.O. toute au violon, histoire de digérer un poulet qui fut fort délectable.

Keep the faith,
Adi Clay.